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                      Deuxième période 

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La coexistence du volume et du plan  1979-1988

Une autre période s'ouvre dans les années 1980, dans laquelle une peinture plus traditionnelle prend le pas sur le concept exclusif des peintures en épaisseur.

Le format des tableaux s’agrandit, environ 1 mètre sur 1m30 à 1m.50, et une facture apparaît, où l'empâtement, les volumes, toujours très présents, coexistent désormais avec de grands aplats. Ces aplats induisent un nouveau rapport entre  couleur et lumière.

Le support, entaillé, voire défoncé, devient alors partie intégrante de l'œuvre ; il n'est plus neutre et ses diverses entailles concourent au sens du tableau.

Par cette cohabitation Arons cherche à exprimer la complexité du monde qui l'entoure. (La lecture d'Edgar Morin, sa lumineuse théorie de la complexité, le conforte dans la justesse de son approche du réel.)

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Les thèmes se diversifient, explorant davantage : 

Le  visuel ...

Série des paysages

                                                                                                                     Série des Nus

                                        ( texte de Michel Chapuis..écrit à l'occasion d'une exposition Paris)

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... le mental

Série de la Table de E

Cette série, "la table de E", fait référence à un texte de Henri Michaux sur la folie et l'art ; formellement elle  approfondit la recherche sur l'intrication dehors / dedans et sa perception.

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(Détail anecdotique assez troublant, ayant titré "Discordance" un des tableaux de la série, Arons  apprendra bien plus tard que ce nom était donné à la schizophrénie dans le passé.)

Série de portraits ou de motifs réels, imaginaires, ou symboliques 

Dans cette série, un tableau (Les miroirs de Schreber, 1989 175x271x12cm) fait référence à l'expérience étonnante de Daniel Paul SCHREBER (1842-1911) président de la chambre de la cour d'appel de Dresde. Névropathe gravement atteint, il est cependant capable d'écrire ses mémoires et toute son expérience dans un style clair et même littéraire ("Mémoires d'un névropathe",1903).

Son cas fit l'objet de nombreuses recherches en psychiatrie, notamment de Freud, et fut cité dans de multiples ouvrages dont Les grandes épreuves de l'esprit de Michaux ou L'anti-Œdipe de Gilles Deleuze et Félix Guattari.

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1989 triptyque Miroirs de Schreber 175x2

Le délire Schizophrène du président Schreber inspire Jan Arons très impressionné par la lecture de ces "Mémoires d'un névropathe" ( 1903, éd.Oswald Mutze- Leipzig et 1975 édition du Seuil, coll. Points, pour la traduction française).

Dans des tableaux comme ce triptyque et dans plusieurs des sculptures de cette année 1989 il concrétise "l'éviration" dont parle Schreber, soit l'impression très nette qu'a ce dernier d'être devenu femme et la vision réaliste qu'il en a, même,  en se regardant dans des miroirs" :

...ma poitrine peut convaincre n'importe qui de la présence de seins féminins relativement bien développés  écrit Schreber… " Quiconque me verrait debout devant un miroir le haut du corps dévêtu serait convaincu d'avoir devant soi un buste féminin...

4 détails des Miroirs de Schreber

...Et, ajoute-t-il plus loin…qu'on se garde de prendre ce qui m'anime ici pour de la basse sensualité ...je ne permettrai jamais à quiconque le moindre soupçon qu'il puisse y avoir de ma part une lubricité quelconque…" etc. (in Mémoires d'un névropathe, op.cit.pp 230-231),

Le livre entier  témoigne en fait non seulement d'une souffrance extrême, mais aussi d'une rupture  de la personnalité, d'une fracture, une séparation de l'esprit dans un même corps inhérente à ce genre de troubles bien sûr, mais qui dès lors intéresse particulièrement Jan Arons, lui qui cherche à diviser, fractionner, multiplier les espaces à l'intérieur même du tableau, de son unité.

Les Miroirs de Schreber, ce tableau tripartite étonnant, complexe s'il en est, peut d'ores et déjà se poser comme exemplaire de la transition qui s'opère alors dans la vie et l'œuvre d'Arons.

 

 

 

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